Isabelle Eberhardt, est née en 1877 à Genève. Sa mère Nathalie Eberhardt, d'origine allemande, épouse d’un russe Alexandre Trophimovsky, Isabelle Eberhardt, grandit dans une famille peu conformiste, libertaire, avec trois demi-frères, dans un milieu multiculturel et intellectuel qui développe chez elle une intarissable soif de découverte, une passion la liberté.

 

Isabelle Eberhardt découvrit l’Algérie en 1897 lorsqu’à vingt ans, elle s’établit à Annaba avec sa mère. Elle est fascinée par l'Islam et va recevoir la révélation comme un nouveau souffle en elle pour nous dire :

«Je sentis une exaltation sans nom emporter mon âme vers les régions ignorées de l'extase».

 

Elle trouve son souffle dans les médersas et les mosquées. Elle revendique seulement la liberté de se convertir à l’islam, d’aimer un peuple et ce pays qui est l’Algérie et surtout d’y vivre pleinement sa liberté et son nomadisme fièrement : 

 

«Nomade j’étais, quand toute petite je rêvais en regardant les routes, nomade je resterais toute ma vie, amoureuse des horizons changeants, des lointains encore inexplorés

 

Isabelle Eberhardt se convertie à l’Islam, s'est déguisé en homme, drapée dans les plis de son burnous, pour devenir Mahmoud Saadi.

Cet islam qui la fascine, va la conduire vers une forme de dévouement et de contemplation. 

 

«Etre sain de corps, pur de toute souillure, après de grands bains d'eau fraîche, être simple et croire, n'avoir jamais douté, n'avoir jamais à lutter contre soi-même, attendre sans crainte et sans impatience l'heure inévitable de l'éternité » ! 

 

Elle va à la découverte des gens du Sud qui seront les héros de ses écrits. Au contact de la population, elle observe les gens, pose sur eux un regard avec acuité, sans exotisme et admiratif. La culture et la religion musulmane trouveront des réponses à ses inquiétudes sociales. C’est la  raison  pour  laquelle  le  premier  recueil  de nouvelles d’Isabelle Eberhardt publié à titre posthume a reçu le juste titre de A l’ombre chaude de l’islam.

 

On saisit aisément, que l’islam est un thème majeur de l’œuvre d’Isabelle Eberhardt, une  passionnée de cette religion qu’elle revendique comme sa religion d’origine. Elle prend parti pour les algériens soumis aux volontés du colonisé, elle entreprend de les défendre contre les préjugés colonialistes.

 

Elle sillonne l’Algérie du Nord au Sud, d’Est en Ouest mais c’est à El Oued –dans le Sud- qu’Isabelle revient, rencontre Slimane Ehnni, l’homme de sa vie, un jeune soldat indigène de l'armée française en Afrique du Nord, s’y installe, se marie avec la Fatiha, selon le rite musulman.

 

L'union de l'Européenne et du spahi indigène fait scandale. L'armée française lui refuse le mariage civil, l’enjoignant de quitter l’Algérie, estimant que son mode de vie est un facteur de troubles, ses fréquentations de zaouïas suscitaient la méfiance des colonisateurs français !

 

Calomniée, espionnée, raillée par les colons Isabelle s’isole et passe  des jours, des nuits, guettant le retour de Slimane retenu à la caserne avec des permissions rares, dans un semblant de toit de gourbi à Ain-Sefra, avec une volonté farouche!

Pour son musulman la nomade s’assagit, renonce aux  grandes chevauchées de Mahmoud Saadi pour redevenir Isabelle, la musulmane, vivant comme les femmes du Sud. 

 

«… Peu importeraient la misère, réelle maintenant, et la vie cloîtrée parmi les femmes arabes… Bénie serait même la dépendance absolue où je me trouve désormais vis-à-vis de Slimane (qu'elle appelle Rouhi', mon âme…) Mais ce qui me torture et me rend la vie à peine supportable, c'est la séparation d'avec lui et l'amère tristesse de ne pouvoir le voir que rarement, quelques instants furtifs. ». 

 

Slimane en permission, après une longue absence, le dernier jour passé ensemble. Aïn Sefra fut en octobre 1904 le théâtre d'une grave inondation, la ville emportée. Isabelle, affaiblie par la maladie est retrouvée morte dans les ruines de sa maison..

 

Isabelle n’avait que 27ans et avait vécu trois années un amour démesuré !

 

Sur la mort, elle a écrit : " Tout le grand charme poignant de la vie vient peut-être de la certitude absolue de la mort. Si les choses devaient durer, elles nous sembleraient indignes d'attachement. "

 

 

De sa courte vie, elle en fit un long voyage 

« .. la fièvre d'errer me reprendra, que je m'en irai; oui, je sais que je suis encore bien loin de la sagesse des fakirs et des anachorètes musulmans… Au fond, cela serait la fin souhaitable quand la lassitude et le désenchantement viendront après des années- Finir dans la paix et le silence de quelque zaouïa du Sud, finir en récitant   

Isabelle Eberhardt reste un personnage fascinant. Une femme d’exception transformée par une religion Musulmane : 

 

« Ainsi, nomade et sans autre patrie que l’Islam…C'est bien la paix, le bonheur musulman- et qui sait ?

 

Ironie de la fin paradoxale de cette musulmane nomade comme sa vie : mourir noyée au Sahara!  

 

Toutefois elle fut fidèle à la devise adoptée à son adolescence : «J’irai solitaire jusqu’à ma mort», Avec une audace incroyable elle a été en quête d’elle-même dans un pays et une région du grand Sud, où elle semble avoir pu aller jusqu’au bout de sa foi pour trouver l’Islam.

 

 

 

 

 

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