La sexualité étant vue comme un « don de Dieu », et une bénédiction, tout musulman croyant se doit d’exceller dans ce domaine ou tout au moins lui porter un attachement singulier.

Le Qur’an dit, en usant d’une métaphore : « Allez à votre champ et labourez-le », et, dans un autre verset : « La cohabitation [sexuelle] avec vos femmes vous est permise durant la nuit du jeûne : elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles » (Qur’an, 2.187).

Plus de cent versets reviennent sur le sujet : nudité, célibat, sexualité, complémentarité charnelle entre homme et femme, polygamie, adultère, divorce à l’amiable, répudiation, jalousie des co-épouses, continence et chasteté, débauche, désirs inavoués, froideur sexuelle, flagellation du couple adultère, fornication, homosexualité, interdits sexuels, prostitution, luxure. L’approche nataliste de la société musulmane a prévalu sur toutes les tentatives de contrôle ou d’interdits liés à la consommation charnelle.

Ce sont les théologiens eux-mêmes qui revendiquent non seulement ce droit, mais cette obligation. Le bon musulman est celui qui satisfait pleinement son épouse, ce qui sonne parfois comme un anachronisme avec l’islam corseté de certains imams actuels.

Le penseur  Al-Ghazzali (1058-1111), auteur prolifique et théologien respecté, le dit sans tourner autour du pot. Il commence par rappeler que le Qur’an a interdit le célibat, que le mariage est recommandé non pas simplement pour des raisons sociales, mais aussi pour satisfaire l’une des conditions qui le légitiment et qui le valident, la consommation charnelle.

Il rappelle qu’un hadith stipule qu’une prière d’un homme marié a la valeur de soixante-dix prières d’un homme qui, toutes choses égales par ailleurs, ne veut pas se marier. Enfin, il évoque très librement la masturbation et les préliminaires qu’il faut engager avant de s’adonner à l’amour proprement dit.

Pour mieux se faire comprendre, l’auteur n’hésite pas à trouver des correspondances célestes aux plaisirs que fournit la chair ici-bas :

Vois, écrit-il, comment une seule passion, la passion charnelle, commande deux existences, une extérieure et une intérieure : la première est la vie de l’homme, qui se continue par sa lignée, elle est un aspect de la pérennité de «la Création ; la seconde, c’est la vie dans l’au-delà. Donc, cette volupté charnelle, si réduite du fait qu’elle est éphémère, est pourtant un motif puissant pour pousser l’homme à atteindre la volupté complète… »

Peu auparavant, Ibn Hazm (994-1063), un grand juriste de l’Espagne musulmane, a rédigé une sorte de traité de l’amour, appelé Le Collier de la colombe, dans lequel il fait montre d’une grande finesse psychologique lorsqu’il évoque les plaisirs des amants et leurs intrigues.

Avant Ibn Hazm, un autre juriste, de Bagdad celui-là, Ibn Dawûd (mort vers 907) a tout simplement codifié ce que nous appellerons plus tard l’amour courtois. Dans son traité, Le Livre de la fleur, il met en place les règles de chevalerie amoureuse et ceux de l’amour courtois tel que les Arabes Bédouins l’auraient connu bien avant l’introduction de l’islam dans leurs communautés.

Mais le dernier mot revient à Stendhal, dans un livre   intitulé De l’amour, publié en 1822, dans lequel il dissèque le sentiment amoureux. Il y dit :

«C’est sous la tente noirâtre de l’Arabe Bédouin qu’il faut chercher le modèle et la patrie du véritable amour. »

 

 

 

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