Sur les pas d’Isabelle Eberhardt en terre d'Islam (Suite)

Publié le par Kader

IL faut surtout noter quant on parle de la Vie d’Isabelle Eberhardt que le flou reste total sur sa véritable affiliation, et elle a donc grandi en marge de la société, sans école ni religion, auprès d’un beau père et précepteur qui n’était pas facile à vivre, un être ascétique et austère, un anarchiste adepte de l’inconfort, de l’autarcie.

Cependant il faudrait noter également que l’instabilité du tempérament d’Isabelle Eberhardt l’a porté à avoir un goût du subterfuge et des identités d’emprunt tout au long de son adolescence (Mériem Bent Abdellah, Mania, Nadia, Nicolas Podolinsky).

Il est dit que son comportement n’était d’ailleurs pas nouveau chez elle puisque, jeune fille à Genève, elle avait acquis l’habitude de porter des vêtements de garçon pour sortir librement de la maison.

 

Son séjour à Batna ou elle était attendue depuis longtemps dans la famille d’un officier du Bureau Arabe avec qui elle entrenait également une correspondance. A partir de là elle avait longtemps erré vêtu d’un burnous et d’une haute chéchia garnie d’un turban blanc.

 

En effet, quelques mois plus tôt, les autorités coloniales avaient reçu une lettre anonyme l’accusant tout à la fois d’espionnage, d’empoisonnement, de vol et d’opportunisme de sa foi en la religion musulmane dans le but de conspirer contre la France en liant des amitiés avec les Musulmans. À son insu, ses déplacements, ses amitiés étaient surveillées. Les premières conclusions de Cauvet avaient été claires : la lettre était une vengeance personnelle et les autorités considéraient Eberhardt « comme une névrosée et une détraquée venue satisfaire ses penchants vicieux et son goût pour les indigènes ».

 

«Rien jusqu’à présent dans ses agissements ne m’a paru répréhensible et de nature à instruire des mesures de rigueur à son égard » avait écrit le commandant du cercle de Touggourt suite au rapport de Cauvet. la réputation d’indicatrice au profit du général Lyautey qui «pacifiait» à l’époque le Sud Oranais lui a prévalu

 

Mais elle n’avait pas été pour autant lavée de tous soupçons. 

 

Plus tard dans l’année, on la retrouve à El Oued, là elle a pris le nom de Mahmoud Saadi, elle vivait chichement avec Slimane Ehnni,    l’homme de sa vie, sans ennui dans la douloureuse ivresse d’aimer.

 

Elle s’est immergée dans l’Algérie profonde, parlant sa langue, partageant la rude existence des pauvres, dormant à la belle étoile ou sur une natte devant un café maure, prenant part à la vie publique, logeant dans une zaouia et vivant dans un ksar tout en gardant le déguisement en costume masculin, le nom d'homme   Mahmoud Saadi, la boisson, le kif, les courses à cheval, la vie libre   la légèreté sexuelle qu'elle s'octroyait), bref pour vivre pleinement  l'exotisme.  

 

Ainsi à nous faire croire que les hommes de la Zaouïa et les bédouins qui avaient côtoyés cette jeune femme, n’avaient rien vu et largement stupides et ignorants devant le déguisement d’une femme en homme sans qu’aucun d’eux ne découvre cet état de fait.

C’est assez réducteur !!!!!!!!

 

Il faut savoir que les zaouïas et le soufisme algérien ont rayonné durant la période coloniale et ont largement contribué à la propagation des valeurs de modération et de tolérance de l’Islam ayant joué un grand rôle dans la défense de la patrie et la préservation de son référent religieux face à la présence l’église chrétienne qui se donnait un droit à évangélisation la population algérienne.

Alors il est bien connu que toute adhésion à ces Zaouïa réponse bien entendu sur des critères bien définis et toute conversion à l’Islam d’un étranger doit être dument attestée.

  

Selon Randau, Isabelle Eberhardt, bien que professant l'Islam,

«n'avait pas une très grande ferveur: je ne la vis jamais pratiquer »

 

Robert Randau de rapporter un propos du colonel Le Loustal qui avait fait la connaissance d’Isabelle Eberhardt à Aïn Sefra peu de temps avant sa mort :

 

« Elle ne se plaignait pas, mais on devinait une amère déception. C’était une femme qui n’attendait plus rien de la vie. Elle n’avait pas trente ans et toute séduction en elle avait disparu. L’alcool la ravageait, sa voix était devenu rauque, elle n’avait plus de dent et elle se rasait la tête comme un musulman »

 

Selon Randau, la mort d'Eberhardt est plus proche d'un suicide que d'un simple accident : « Après une pipe de kif, une certaine ivresse nihiliste, mise ou non sur le compte du mektoub, a pu emporter ses dernières forces. »[

 

En conclusion, l’histoire d’Isabelle Eberhardt reste fascinante, ce qui est une évidence, c’est l’amour d’Isabelle pour notre pays et sa population, et rien que cela mérite du respect et de la considération pour cette femme.

 

 

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article